Lorsque l’on arrive dans un nouveau
pays, on a ce fantasme de vouloir s’intégrer à la population pour découvrir,
apprendre et comparer leur culture à la nôtre. Quand j’étais à New York, je
dois avouer que j’ai usé de la carte de la facilité. Cette ville est connue
pour attirer le monde entier et les Français n’échappent pas à la règle. J’ai
passé la plupart de mon temps à New York entouré de Français. Certes, cela
permet d’explorer les environs et d’apprendre ensemble la culture américaine.
Mais on ne peut pas dire qu’on la connaît de l’intérieur.
La grosse différence depuis que
je vis à Chicago c’est que je ne suis pas spécialement proche de la communauté
française : mes colocataires sont américains et ils me font rencontrer
leurs amis, eux aussi américains. Mis à part quelques rencontres avec des
Français et ma boîte qui est française, ma vie se joue en V.O. Meilleur moyen
pour améliorer son anglais vous me direz ! Vrai. Mais ce n’est pas sans
difficulté. L’anglais qu’on nous apprend à l’école est basique et nous prépare
plutôt au monde du travail ou bien à ne pas être un touriste complètement
égaré. Mais lorsqu’il s’agit de discuter avec un groupe d’une dizaine de
personnes sur plusieurs sujets (parfois en même temps), c’est là où on peut en
perdre plus d’un.
Tenez, imaginez un étranger
assister à ça :
-
Wesh gros, bien ou bien ?
-
Tranquille et toi ?
-
Tranquille pépère. Quoi de neuf ?
-
Pas grand-chose, je suis un peu vénère que tout s’passe
pas comme j’veux au taff mais bon, je fais avec.
Bon, ok j’exagère un peu. Mais
l’idée est là.
Résultat, après une journée de
travail à mélanger français et anglais, parfois je déconnecte mon cerveau et
fais semblant de comprendre ce qu’on me dit sans nécessairement répondre.
Je ne sais pas si c’est
réellement une question de cerveau ou bien d’effort à fournir : d’autres
arrivent très bien à aller d’une langue à l’autre sans se fatiguer. Bref, du
coup, j’ai peur de paraître pour un associable qui ne parle à personne.
Où est passé le David qui fait
des blagues à tout va ? Ce David-là parle français. C’est assez déroutant
de voir à quel point je peux être deux personnes plus ou moins différentes
selon la langue que je parle. Mais ce n’est pas tant surprenant que ça. Le
Frenssè et ma lengue nattal donc faurcémen cé plu naturelle. Et au final, mon
moi Français me manque.
Mais c’est bien connu, baigner
dans une culture différente de la sienne quasiment 24h sur 24h, on améliore sa
compréhension et son expression. Alors, maintenant j’arrive à suivre les
conversations, youhou !
Autre fait intéressant d’être
Français parmi uniquement des Américains c’est qu’on demande toujours ton avis.
L’autre jour, les gens avec qui j’étais parlaient de politique, d’éducation, de
leur système de santé, lorsque quelqu’un s’est tourné vers moi et m’a demandé :
« Et comment ça se passe en France ? ». Et là, toute l’attention
se porte sur toi. Tu as intérêt à briller en société. Heureusement que je suis
un peu l’actualité de la France. Pourquoi les gens s’attendent à ce que je
sache tout ça, qui plus est à 23h un samedi soir ?
« Et sinon David, comment se
passe la situation fiscale en France vis-à-vis des jeunes en contrats de
travail temporaire ? » Je ne sais pas, laisse-moi tranquille !
Et puis forcément, on commence à
comparer la situation américaine et la situation française. « Tu penses
David que le modèle français va encore survivre ou tu penses qu’il s’essouffle ?
Car, j’ai l’impression que la France, et l’Europe de façon générale, subit plus
la crise que nous aux Etats-Unis. Faut dire que votre système de santé vous
ruine ! ».
Puis vient la question qui fâche.
« David, que pensent les Français des Américains ? »
Tu veux vraiment que je te dise
qu’en France, la caricature de l’Américain est le gros stupide fermé d’esprit ?
Et cette vidéo n’aide pas : Name six other continents
Bon, je précise bien sûr que les
Américains ne sont pas tous stupides. Il y en a autant que des Français
stupides !
Cet article n’a pas pour but de
créer de polémique ou qu’est-ce, juste décrire l’attention que l’on peut
attirer lorsque nous sommes Français aux Etats-Unis. Mais ce sont ces échanges
qui rendent l’expérience à l’étranger encore plus riche même si parfois ça mène
à des situations inconfortables. Mais c’est bien pour ça qu’on part, pour s’ouvrir
l’esprit.
David.